Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 13:29

Dr Nestor Azandegbe, est conseiller régional santé maternelle au Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) Dakar. Dans cette entrevue qu’il nous a accordée, le 6 mai dernier, à Abidjan, il propose ses solutions pour la réduction de la mortalité maternelle en Côte d’Ivoire.

Qu’est-ce qu’un décès maternel ?

C’est un décès qui survient par rapport à une cause qui est liée aux grossesses ou à l’accouchement ou après l’accouchement, allant jusqu’à quarante deux jours après l’accouchement ; lorsque la cause est liée à la grossesse. Mais lorsqu’une femme enceinte meurt d’un accident, ce n’est pas considéré comme un décès maternel. C’est une cause accidentelle directe.

Quel est l’état des lieux de la mortalité maternelle dans la sous-région ?

Dans les huit pays francophones réunis dans le cadre de la réunion consultative, la situation n’est pas reluisante. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale constituent les sous-régions où la mortalité maternelle est la plus élevée. Mais aussi où l’espoir, même s’il existe, n’est pas franc. L’espoir pour qu’il devienne franc et une réalité demande que les dirigeants, les Etats, les personnes influentes, les communautés y compris les religieux, les acteurs de développement, s’impliquent.

Quelle est la situation en Côte d’Ivoire ?

La Côte d’Ivoire est partie d’une situation pas bonne au départ. Et on a constaté que le pays n’a pas fait de progrès quand on compare la situation de 1990 à 2013. Il n’y a pas eu de progrès en Côte d’Ivoire. Mais heureusement, il n’y a pas eu de recul comme certains l’ont fait croire à un moment donné. Nous avions pensé que la situation de crise qu’a traversée le pays avait eu un impact négatif sur la mortalité maternelle. Eh bien, une étude rendue publique il y a quatre jours (Ndlr : 2 mai dernier), vient nous montrer que les chiffres ne sont pas si alarmants que cela. Toutefois, le pays n’a pas progressé. La Côte d’Ivoire stagne. Or il faut avancer. Avec le surplace, la stagnation, on peut considérer qu’on régresse. La situation est tout à fait comparable aux autres pays de la région. Nous devons donc redoubler d’efforts pour changer la donne.

L’avortement est cité parmi les causes des décès maternels. Quelle est sa véritable part ?

L’avortement contribue à 13% des décès maternels ; c’est énorme! Ces avortements surviennent surtout parmi la population juvénile. L’impact est énorme parce qu’il s’agit en général d’élèves. Ces élèves ne peuvent plus retourner à l’école. Elles peuvent aussi s’en sortir avec des séquelles liées à cet avortement qui feront que plus tard, il leur sera difficile d’enfanter quand elles le voudront. C’est pour cela que le Fonds des Nations unies pour la population soutient les programmes de planifications familiales. Ces programmes ne signifient pas que la distribution de contraceptifs. Cela signifie des informations de qualité à donner à ces jeunes filles pour qu’elles puissent se prémunir des grossesses précoces, donc de l’avortement qui suit ces grossesses.

Quelles sont les causes récurrentes, en dehors de l’avortement?

Nous avons les hémorragies, l’hypertension, les infections, le travail d’accouchement long ou difficile. Ce travail peut durer des jours. Quand la femme quitte la maison, avant d’atteindre le centre de santé, la catastrophe peut survenir. Il s’agit là de causes directes. Il y a aussi ce que nous appelons les causes indirectes. Il y a, par exemple, le paludisme, le Vih, l’infection. Il y a également des causes profondes que nous appelons les déterminants de la santé comme la pauvreté, par exemple. La non-autonomisation de la femme, en termes de capacité pécuniaire y est pour quelque chose également. Il y a des femmes qui attendent leur mari avant de se rendre au centre de santé pour la consultation prénatale.

L’alimentation de la femme enceinte peut-elle être mise en cause dans la mortalité maternelle?

Bien sûr! Les aspects nutritionnels sont extrêmement importants. La supplémentation en certaines vitamines qui manquent est nécessaire. Il y a aussi des cas d’infection par les vers. Il faut se déparasiter. Pendant la grossesse, les vers empêchent de digérer normalement la nourriture. L’hygiène corporelle est aussi prédominante pendant la grossesse, pour éviter certaines infections. Il faut se laver avec une eau potable. Cette eau doit être disponible. C’est une question de développement. Les Etats doivent donc s’impliquer.

En quoi doit consister l’implication des Etats?

C’est vrai que nous avons besoin de l’aide des partenaires au développement, mais nous devons d’abord nous autofinancer. Nos Etats doivent mettre davantage de ressources dans la santé et l’éducation, ces secteurs sociaux de base. Mais surtout, ils doivent investir massivement dans la santé des femmes et des enfants.

La Côte d’Ivoire a adhéré à la Campagne pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique (Carmma), en juillet dernier. Qu’est-ce qui a changé, selon vous?

Il s’agit d’une prise de conscience au niveau des décideurs politiques. La Carmma est un cadre pour que les acteurs de la santé posent les vrais problèmes aux décideurs. Dans la sous-région, il y a des pays où le lancement de la Carmma a donné lieu à des actions concrètes comme l’augmentation du budget de l’Etat pour la santé. La Sierra-Leone et le Burkina Faso ont fait d’énormes progrès en la matière. La Côte d’Ivoire est un pays dans lequel nous portons beaucoup d’espoir. C’est un pays névralgique de l’Afrique de l’Ouest qui peut mobiliser ses ressources. Si elles sont organisées de façon adéquate, la Côte d’ivoire peut devenir un modèle.

Depuis juillet dernier, sentez-vous des progrès en matière de réduction de la mortalité maternelle en Côte d’Ivoire?

Il y a des progrès. On note une prise de conscience. La Première dame et le Premier ministre ont associé leur image au lancement de la Carmma, de même que les partenaires bilatéraux. Nous avons vu les images et nous avons été impressionnés. Il faut que cela devienne un moteur puissant à la réduction des décès maternels.

Les femmes constatent, par ailleurs, la récurrence des cas de césarienne. S’agit-il d’une tendance recommandée par les experts de la santé maternelle?

La césarienne est une recommandation, mais il y a des abus dans certaines formations sanitaires. Toutefois, notre sous-région n’a pas encore atteint le niveau recommandé par l’Organisation mondiale de la santé pour les césariennes. Le taux de césariennes dans un pays, pour dire que son système de santé maternelle de prise en charge des cas d’urgence se porte bien, c’est entre 5 et 15%. Mais dans nos pays, nous sommes en dessous de 2%. Cela veut dire que nous n’avons pas encore atteint le niveau minimal de césariennes qu’il faut. D’un point de vue santé publique, au plan régional, nous n’avons pas encore assez de césariennes pour sauver la vie des femmes qui ont des complications qui nécessiteraient cette intervention.

Quel message particulier adressez-vous aux femmes enceintes et aux agents de santé ?

Nous demandons aux agents de santé de poursuivre leur sacerdoce. La santé n’est pas un domaine où on peut devenir riche. Les femmes doivent continuer à se battre pour leur autonomie financière. La femme enceinte en particulier doit prendre soin d’elle et du petit chouchou qu’elle porte dans le ventre, en allant en consultation.

Interview réalisée par Nesmon De Laure

(photo Dr)

(photo Dr)

Partager cet article
Repost0
4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 15:23

L’affaire «Dorgeles» nous a conduit auprès des brûlés du Service d’aide médicale d’urgence (Samu) le 26 avril dernier à Cocody. Récit de faits émouvants.

Marceline Zoh est au chevet de son enfant de sept ans, ce lundi 26 avril. La scène se déroule dans la salle réservée aux cas critiques du Centre des grands brûlés du Service d’aide médicale d’urgence (Samu). Nous sommes dans l’enceinte du Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Cocody. Les larmes dans le coin de l’œil, la jeune dame confie qu’elle attend l’arrivée de son mari, menuiser à Divo. Ce dernier est retourné dans la ville où habite le couple pour se procurer de l’argent. Cette somme doit servir à poursuivre convenablement la prise en charge de la gamine. «Nous n’avons plus d’argent pour payer les médicaments. Nous ne connaissons personne à Abidjan. C’est la première fois que je viens ici. Je ne sais plus quoi faire», se lamente-t-elle.

25% des cas graves décédés en 2013

Il y a seulement un an que la petite famille qui vivait à Man a décidé de s’installer à Divo, histoire de se construire une vie honorable. Hélas, début mars, un malheur arrive. Leur enfant de sept ans tombe brutalement dans la marmite de riz encore incandescente. La petite est donc brûlée. Son cas jugé grave suscite son transfert dans la capitale économique. Elle est en ce moment, voisine de lit du petit Keh Gnonti Dorgelès, brûlé aux 2ème et 3ème degrés dans l’incendie de la maison familiale à Sinfra. On se souvient que le cas de ce dernier avait ému les internautes, au point où l’épouse du chef de l’Etat l’a secouru à travers des dons en nature et en espèces. Malheureusement, les cas «Dorgelès» sont nombreux dans cet hôpital. La majorité des malades est confrontée à l’insuffisance de moyens financiers. Brim Anoh, père d’une fillette de 3 ans brûlée, est lui aussi désemparé. Venu d’Abengourou au côté de sa bambine, il dit avoir dépensé 500 mille FCfa en moins d’un mois. «Si quelqu’un peut venir nous aider, ce serait soulageant», implore-t-il, en nous montrant une note exhaustive des dépenses réalisées. Au pied du lit de sa fille, on aperçoit des compresses, de la Bétadine, une crème et des médicaments divers qu’il a lui-même payés après avoir reçu une ordonnance médicale. Un autre patient âgé de 45 ans partage le cri du cœur de M. Anoh. Brûlé sous haute tension dans le village de Lôpou à Dabou, il dit avoir lui aussi dépensé plus de 500 mille F. Et sa prise en charge se poursuit. L’habitant de Dabou espère également une aide extérieure pour amoindrir ses dépenses. Trois lits plus loin, une adolescente est traitée par un infirmier et des filles de salle. On lui administre un liquide rougeâtre. Selon les explications des agents de santé, ce produit est répandue sur la plaie, lorsque cette dernière est en voie de cicatrisation. «On l’applique pour mieux faire sécher la lésion», explique une soignante. Si l’adolescente bénéficie de prise en charge, c’est grâce à la générosité de certains donateurs. Après les premiers secours gratuits de 48 heures, la patiente a été abandonnée par ses parents. «Elle a reçu les premiers soins depuis samedi et ses parents l’ont abandonnée par manque de moyens. Les produits que nous utilisons pour la soigner sont des dons que l’hôpital a reçus. Mais ce n’est pas toujours suffisant ce que le centre reçoit, car nous sommes confrontés à de nombreux cas», explique une fille de salle qui a requis l’anonymat. Séance tenante, une parente du malade tend son téléphone à l’adolescente. L’on nous confie que c’est sa tante qui à l’autre bout de fil depuis la maison dans la commune de Yopougon. «Dis-lui de venir te chercher, on va te libérer. Il n’y a plus de dépenses à faire», ordonne la soignante à l’adolescente. L’agent de santé nous explique alors que la tante de la patiente téléphone pour avoir des nouvelles. C’est ainsi qu’elle se comporte depuis qu’elle a laissé la malade à l’hôpital par manque de moyens. De rares calcinés ont plus de veine. C’est le cas de ce fonctionnaire de 27 ans, évacué de Bouaké. Grâce à son assurance et au fonds d’aide de sa corporation, il éprouve moins de difficulté pour assurer sa prise en charge. «Pour l’instant ça va», affirme son accompagnateur. Sinon, les difficultés liées à la prise en charge sont réelles. Et la plupart des parents de malades que nous avons interrogés planchent pour une assistance particulière des pouvoirs publics et des bonnes volontés. C’est aussi l’avis du personnel traitant. Bah Emilie, aide- soignante ne cache pas son impuissance quand les médicaments manquent. «Nous recevons beaucoup de cas sociaux ici. Quand il y a rupture, nous sommes en difficulté», confie-t-elle. Dr Brigitte Vilasco, anesthésiste réanimateur et chef du Centre des grands brûlés partage l’amertume de sa collaboratrice. Nous l’avons rencontrée au cours de notre reportage, à son bureau pour mieux cerner les difficultés de la prise en charge dans son centre. «Nous n’attendons pas les moyens des parents lorsque nous disposons de matériel», conforte-t-elle. A l’en croire, à l’ouverture du centre en 1995, les patients payaient juste un forfait. Mais aujourd’hui, avec les problèmes rencontrés, la réalité est tout autre. «Nous avons des besoins en médicaments. Les subventions ne suffisent pas. Nous sommes obligés de faire des ordonnances», est désolée le chef du centre. Toutefois, elle rassure que les deux premiers jours de la prise en charge en urgence sont gratuits. Et que les enfants de 0 à 5 ans sont exemptés des frais d’hospitalisation. L’année dernière, le centre a reçu 700 accidentés. Parmi eux, on dénombre plus d’enfants, surtout dans la période de juillet à août. Dans l’ensemble, 7,5% des patients ont succombé. 25% des cas graves sont décédés des suites de leur brûlure.

Quand la rupture en médicaments tue le centre

La Côte d’Ivoire ne dispose que d’un seul Centre de grands brûlés. A l’origine, il avait pour objectif d’accueillir également les brûlés de la sous-région. Mais les difficultés de fonctionnement, tels que les ruptures en médicaments et le manque de nourriture pour les malades ont effacé le rayonnement sous-régional. «Les ressortissants de la sous-région nous emmenaient des malades mais vu les problèmes, ils ont trouvé cela difficile et ont décidé de soigner les malades sur place chez eux», semble regretter Dr Vilasco. Elle se félicite tout de même de l’expertise et de l’expérience du centre qui fonctionne depuis 1995. «Au départ, on prenait les grands brûlés mais on s’est rendu compte que si les petites brûlures ne sont pas bien traitées, elles peuvent se compliquer et entraîner le décès du malade surtout chez les enfants», poursuit-elle. L’hôpital a donc décidé de recevoir tous les calcinés. Ce qui, à en croire la responsable, a entraîné un supplément de travail et une augmentation des nécessités. Au nombre des besoins, elle cite des antibiotiques spécifiques. «Nous recevons parfois des dons en antibiotiques, mais ils ne correspondent pas toujours aux besoins spécifiques du centre», ajoute-t-elle. L’anesthésiste pointe également l’irrégularité des subventions et le plateau technique vétuste. «C’est vrai que les subventions de l’Etat ne sont pas suffisantes. Mais si elles sont régulières, cela pourrait aider.» Selon elle, le centre fonctionne en partie grâce aux aides extérieures. «Nos patients sont aussi le plus souvent démunis. On ne parle pas souvent des brûlés, les gens ignorent les conditions de ces malades. Et pourtant, il y a urgence», plaide Dr Vilasco.

Les mesures de secourisme à adopter

En cas de brûlure, il faut éviter de maintenir la victime dans la chaleur. Dr Brigitte Vilasco, chef du Centre des grands brûlés conseille d’ôter rapidement les vêtements de l’individu. «Il faut mettre de l’eau froide sur la partie concernée. Il ne s’agit ni d’eau glacée, ni d’eau chaude», précise-t-elle. La praticienne explique qu’il faut une eau à la température ambiante pour éviter que la lésion s’épaississe sous l’effet de la chaleur. Ensuite, le brûlé doit être conduit à l’hôpital. Toutefois, la première mesure de secourisme à adopter reste la prudence, la prévoyance. Selon Dr Vilasco, les périodes pendant lesquelles on enregistre plus de cas sont les mois de juillet et d’août. Il s’agit là des mois de vacances où les enfants sont le plus souvent à la maison. Il faut donc sensibiliser les chérubins sur les dangers de l’électricité, de l’eau chaude, du gaz, etc. Il faut surtout les éloigner des objets dangereux. Selon le témoignage de Brim Anoh, venu d’Abengourou, sa fille qui jouait sur une chaise est tombée dans la sauce bouillante. Le fonctionnaire de Bouaké, s’est lui brûlé, en sauvant ses enfants de la pièce enflammée. Son fils avait allumé une bûchette sur le matelas. Par ailleurs, la bagarre était la cause de deux cas de brûlure par l’eau chaude dans la salle de soins à notre passage. Dans ce cas, il faut porter plainte pour que la rigueur de loi s’applique contre les coupables.

Nesmon De Laure

photo: NZ

photo: NZ

Partager cet article
Repost0
10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 15:51

Il est quatorze heures trente minutes hier lorsqu’on aperçoit le directeur du Centre hospitalier et universitaire de Cocody à bord de son véhicule. Le professeur Jean-Claude Kouassi quitte ainsi le parking de la direction de l’hôpital en se dirigeant vers la sortie de l’établissement. L’équipe de reportage qui assiste à bonne distance à la scène ne parviendra pas à recueillir les sentiments du directeur suite à son limogeage annoncé à la fin du conseil des ministres, il y a quelques deux heures. Tout comme lui, le professeur Tetchi Yavo, chef du service des urgences et une surveillante d’une unité de soins sont relevés de leurs fonctions après le décès du mannequin Awa Fadiga, le 25 mars dernier. Dans les couloirs de l’administration, cette décision est jugée arbitraire. Et les agents ne décolèrent pas. «Nous sommes révoltés. Qu’est-ce qu’on reproche à ceux qui ont bien fait leur travail ? Il s’agit d’une décision politique là où il fallait une décision technique. Même l’année de la santé dont on parlait en 2013 n’était que du bluff. On ne nous donne pas de moyens pour fonctionner», s’est indigné un chef de service qui a requis l’anonymat. A preuve, a-t-il indiqué, le scanner (en panne depuis deux mois) n’est toujours pas fonctionnel. Un autre agent rencontré aux urgences et qui préfère parler sous le sceau de l’anonymat, relève des contradictions dans le traitement de l’affaire. Il dit ne pas comprendre les sanctions du conseil des ministres alors que le ministère de tutelle ne reconnaît pas une défaillance des autorités du CHU, sur la base des rapports reçus. «C’est flou tout cela. Pourquoi il n’y a pas de sanctions au ministère de l’Intérieur et de la sécurité alors que la jeune fille a été agressée? Le personnel du CHU est le mouton du sacrifice», vocifère l’agent. Docteur Atté Boka, porte-parole des quatorze syndicats des agents de la santé, joint par téléphone hier soir, refuse de se prononcer sur les sanctions. «Nous n’avons pas de commentaires à faire pour le moment», a-t-il coupé net. Le gouvernement a indiqué pour sa part que la mesure de suspension est prise en attendant les conclusions de l’enquête judiciaire ouverte après la mort du top model. S’exprimant à la fin du conseil des ministres, hier, Bruno Nabagné Koné, porte-parole du gouvernement, a annoncé qu’il s’agit de «mesures administratives conservatoires» en attendant les «conclusions de l’enquête judiciaire à l’issue desquelles d’autres mesures pourraient être prises». M. Koné ajoute qu’il a été décidé de décaisser dans l’urgence 3 milliards de F Cfa pour restaurer les trois CHU d’Abidjan et certains hôpitaux généraux. Selon lui, sur ce montant, 156 millions de F sont déjà décaissés pour la réparation du scanner du CHU de Cocody et la réfection de cinq blocs opératoires sur les huit que compte le CHU de Treichville.

Nesmon De Laure

Le limogeage du prof Jean Claude Kouassi vécu comme une injustice

Le limogeage du prof Jean Claude Kouassi vécu comme une injustice

Partager cet article
Repost0
1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 18:24

Le soleil brille au-dessus de la morgue du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Cocody, ce lundi midi. Sur le parvis, cyber-activistes, parents, amis et connaissances du mannequin Awa Fadiga accourent vers l’entrée du bâtiment. Ils se bousculent pour dire leurs adieux à la résidente du quartier Williamsville. Dans quelques instants, la dépouille de la jeune fille sera conduite dans le corbillard. Nul ne veut rater ce moment fatidique. Les visages livides et les mauvaises mines des proches de la décédée dévoilent leur mélancolie. « Prions pour le repos de l’âme de notre sœur. Cela n’exclut pas la poursuite des enquêtes, mais faisons en sorte que la terre lui soit légère », implore la voix grave de Bambadja Bamba, désigné porte-parole de la famille éplorée. Il adresse également ses civilités à la délégation du ministère de la Santé conduite par Pierre Douhou, directeur de cabinet et son adjoint, Mamadou Koné. Ils avaient à leurs côtés le Prof Claude Kouassi, directeur du Chu. On aperçoit également le député Alphonse Soro.

« Hé Dieu ! Elle est partie comme ça ! »

Pendant les prières et les bénédictions, on remarque au premier rang du parterre des proches, la mère adoptive de la défunte contenir avec peine ses larmes. Vêtue d’un boubou blanc, démaquillée et abattue, ses réponses aux prières se confondent aux sanglots. Puis, arrive le moment de conduire le corps emballé dans une natte, comme le veut la tradition musulmane, en direction du camion funeste. C’est l’amertume. Des cris stridents déchirent le silence de cimetière qui régnait dans la foule juste après la prière. Les femmes se traînent par terre, inconsolables. « Hé Dieu ! Elle est partie comme ça !», gémit de toutes ses forces une amie de la disparue en s’accrochant au véhicule. « Il m’a tué. Il m’a tué », pleure la mère adoptive de la jeune fille de vingt trois ans, morte dans des conditions non encore élucidées par la justice. « C’est une musulmane qui est partie. Elle est partie dans la gloire. Regarde comment toute la Côte d’Ivoire se mobilise pour elle. Calme-toi. Il faut prier pour le repos de son âme », la console une femme qui tente de la maintenir débout en la prenant par l’épaule. Nelly Yavo, initiateur de la mobilisation sur les réseaux sociaux et Ouattara Bemitian, porte-parole du Collectif Awa Fadiga (Caf) sont affligés. Mais ils sont aussi heureux d’avoir réussi le pari de la mobilisation. Depuis neuf heures du matin, les cyber-activistes rejoignent l’enceinte de la morgue à leur appel. Ils portent des tee-shirts à l’effigie de la demoiselle sur lequel est inscrit : « le taximan l’a agressée. Le Chu de Cocody l’a assassinée ». Ces internautes se joignent également au cortège funèbre en direction de la mosquée de Williamsville avec pour mot d’ordre, la discipline. Parmi eux, la célèbre cyber-militante Aminata 24, de son vrai nom, Aminata Ouattara. Cette dernière avait eu l’idée de la confection d’un pagne pour accueillir le chef de l’Etat à la suite de son opération chirurgicale en France. Une fois à la mosquée, les accompagnateurs du mannequin sacrifient à la prière de treize heures. Ensuite, on procède à la prière mortuaire. Après des incantations en langue malinké, l’imam s’adresse à la foule dans laquelle se distingue Mamadou Coulibaly, le président du parti Liberté pour la démocratie et la République (Lider). « Si d’aventure Awa devait de l’argent à quelqu’un, que cette personne se manifeste. Si c’est plutôt quelqu’un qui lui doit de l’argent, c’est le moment de lui rembourser. » Personne ne s’exécutera sur place. Awa Fadiga est donc conduite au cimetière municipal de Williamsville où elle repose à jamais.

Nesmon De Laure

Le mannequin repose désormais au cimetière municipal de Williamsville.(ph: Dr)

Le mannequin repose désormais au cimetière municipal de Williamsville.(ph: Dr)

Partager cet article
Repost0
27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 14:06

Les mesures préventives annoncées depuis dimanche soir par les autorités sanitaires contre la fièvre Ebola sont-elles suivies à Abidjan ? Enquête.

Le hall de l’aéroport Félix-Houphouet Boigny grouille de monde ce mardi 25 mars. L’horloge indique quatorze heures et trente minutes. On aperçoit à travers la baie vitrée, depuis cet espace, des voyageurs se soumettant aux formalités d’usage devant les bureaux d’enregistrement. Parmi eux se trouvent manifestement les passagers du vol KP016 en direction de Conakry, la capitale guinéenne. Le départ est prévu dans une heure. Ces voyageurs doivent rejoindre un pays en proie à l’épidémie de la fièvre Ebola. De quels types de conseils bénéficient-ils pour se prémunir contre le mal une fois à destination ? Ou encore, quelles sont les mesures prises pour contrôler les voyageurs en provenance de ce pays voisin ? Pour en savoir davantage, notre équipe de reportage s’adresse au comptoir du bureau information, dans l’espoir d’échanger avec les services de l’Institut national de l’hygiène publique sur place.

La viande de brousse résiste

C’est un contrôleur sanitaire visiblement agacé qui nous rejoint dans l’espace réservé aux accompagnateurs. « Notre responsable a déjà parlé hier (lundi 24 mars, ndlr) après une réunion au ministère de la Santé. Vous ne pouvez pas avoir accès au service d’hygiène ici. Nous n’avons affaire qu’aux voyageurs. Ce qui nous intéresse, c’est de savoir si leur carnet de vaccin est à jour ou pas. Lorsqu’il n’est pas à jour, nous leur demandons de se faire vacciner sur place. Il ne nous appartient pas de nous adresser à la presse », coupe-t-il net. Malgré notre insistance, le contrôleur sanitaire met fin à la conversation, puis retourne à son poste. Un policier en service à l’aéroport nous dira plus tard, sous couvert de l’anonymat, que des mesures sont prises aux postes de contrôles. « Pour les passagers en provenance de la Guinée, nous doublons de vigilance. Nous portons des masques avant de les palper, car nous sommes les premières personnes exposées », renseigne-t-il. Malheureusement, nous n’aurons pas l’occasion de vérifier ses assertions : il faut montrer patte blanche pour accéder à l’enceinte de l’aéroport. Le trafic aérien entre la Côte d’Ivoire et le pays du président Alpha Condé est dense. Selon nos informations, deux compagnies aériennes assurent chacune trois vols en provenance de Conakry par jour. Si à l’aéroport certaines mesures semblent être de mise (à en croire le policier), ce n’est pas totalement le cas pour l’interdiction de la consommation du gibier. Dans les communes d’Abidjan, on continue de se délecter des saveurs des animaux proscrits. Nous avons fait le constat hier à certains endroits de la capitale. « J’ai décidé de faire mon festival d’agouti. Je vais manger la viande autant que faire se peut avant que la maladie n’arrive en Côte d’Ivoire. Comment on peut nous interdire de manger des chairs si tendres. Ce sont des foutaises », se déchaîne J.K., chef comptable dans une entreprise de communication à Cocody, un brin insouciant. Si un intellectuel de sa trempe fait fi des mesures préventives, qu’en est-il du citoyen lambda ? « Chez nous à Yopougon, nous avons de bons maquis où on prépare la viande de brousse. Ce n’est pas à cause de votre Ebola que nous allons arrêter de les fréquenter », déraisonne Yves K., gérant de bar. Cap sur Angré 7ème tranche. Il est midi et quinze minutes. Les travailleurs des environs accourent à l’espace gastronomique « Le G.P. ». Le gibier communément appelé viande de brousse dans le jargon ivoirien est au menu. L’une des tenancières que nous nommons Fanta a confiance en la pureté de son stock. « J’ai constitué mon stock de gibier depuis trois semaines. Ma livreuse vit à Adzopé. J’achète en gros avec elle. Donc le stock que j’ai en ce moment est bon. S’il finit, je vais arrêter de vendre la viande de brousse », promet-elle. La restauratrice rassure sa clientèle. « Il ne faut pas avoir peur de manger la viande de brousse ici. J’ai connaissance de ce virus, mais ma viande est propre ». Si elle insiste ainsi, c’est parce qu’un consommateur vient de l’interpeller sur le danger encouru. A l’espace « V », toujours dans le même quartier, la tenancière exclut carrément de s’approvisionner en viande de brousse. « Je n’en vendrai pas jusqu’à nouvel ordre », se résout-elle, au grand dam de quelques clients qui font la moue. On constate ainsi que tous les acteurs ne sont pas prudents. Le marché de gibier résiste plus ou moins à l’interdiction officielle. Cette réalité est palpable à Abobo, précisément dans le secteur appelé Abobo-Gare. Nous sommes bien au lendemain de la réunion interministérielle tenue sur la maladie, dont les échos sont largement faits à la télévision nationale. Tout de même, à écouter la réaction des commerçantes de gibier installées à quelques encablures de la mairie, on tombe des nues. « C’est vous qui nous informez d’une épidémie en Guinée et au Libéria. Qu’est-ce que cela à voir avec notre commerce. Il s’agit encore d’une invention pour favoriser les vendeurs de bœufs et de moutons », s’indignent les vendeuses. Pauvres femmes ! Elles sont persuadées d’être dans la vérité. « Notre viande vient d’Alépé. C’est de la viande bien fraîche. C’est même ce matin que nous avons commencé à la fumer. Et les restauratrices se sont bien servies. Il n’y a rien », vante l’une d’entre elles. A qui veut l’entendre, elle précise les prix de la viande qui varient de deux à dix mille francs CFA. « Regardez ! On trouve le hérisson, de la biche blanche et rouge, de l’agouti. Nous avons même le rat », crie-t-elle en manipulant la viande sur la braise. Ce qui contraste avec les précautions relatives à la surveillance de la maladie.

L’information publique verrouillée

Pour rappel, le renforcement du contrôle sanitaire aux frontières terrestres et aéroportuaires figure au nombre des mesures prises par le ministère de la Santé. Les équipes sont chargées de donner des conseils nécessaires sur la maladie aux voyageurs, d’identifier les cas suspects en provenance des localités affectées et d’assurer leur prise en charge. Il est surtout recommandé aux populations d’éviter la chasse des gibiers, la manipulation et la consommation des animaux. Le communiqué cite, entre autres, le singe, le chimpanzé, la chauve-souris, le gorille, l’antilope, le porc. Des sms persistants relaient ces mesures. Le sujet est aussi abordé sur les réseaux sociaux. Mais sur le terrain, la réalité est peu rassurante. Au niveau de la communication, le ministère semble vouloir tout filtrer. « Il n’y a pas d’interview à accorder en dehors du communiqué et du point-presse. Nous avons tout dit », lance un membre du service de communication que nous avons joint lundi pour obtenir une interview dans le cadre de la présente enquête. Est-ce l’effet de la pression liée à l’Ebola ? Au cours du point-presse tenu le même jour, les journalistes n’ont été autorisés qu’à poser une seule question. Dans la même logique de contrôle de l’information, le ministère de la Santé a envoyé, hier, une note aux différents services rattachés pour les contraindre au silence en ce qui concerne la maladie. Par ailleurs, nous apprenons que la ministre de la Santé a animé un point-presse à l’endroit des médias d’Etat après le conseil des ministres de mercredi à son cabinet. Selon un membre du service de communication joint par téléphone dans la soirée, « la ministre a annoncé le départ de la deuxième équipe de surveillance sur les lignes frontalières. Elle a insisté sur la vigilance », note l’agent.

Un spécialiste des virus épidémiques explique

Un médecin, spécialiste des virus épidémiques dans un institut de référence à Cocody, joint par téléphone hier, explique le mode de contamination de la maladie. Selon ce chercheur qui a requis l’anonymat, « c’est à travers la manipulation que se transmet le virus de l’animal à l’homme. Quand le gibier est cuit à la vapeur, on peut le manger. Mais la manipulation du gibier frais ou fumé est dangereux », met-il en garde. Pour ce qui est de la contamination de l’homme à l’homme, le médecin indique qu’ « il faudra qu’une personne bien portante touche un malade pour être contaminée. » A l’en croire, la contamination n’est donc pas respiratoire, mais elle est essentiellement due à un contact avec le malade. « Généralement, cela se passe en famille. Quand un membre est malade, la famille se contamine facilement », précise-t-il. Le spécialiste prévient que tout ce qui est sécrétion humaine peut être source de contamination. Il cite la salive, l’urine et le sperme. Selon une dépêche de l’Afp, le virus de l’Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés. Contrairement au médecin que nous avons contacté, certains scientifiques soupçonnent la possibilité d'une contamination par les voies respiratoires, indique la dépêche. Ce virus de la famille des Filoviridae (filovirus) compte cinq espèces (Zaïre, Soudan, Côte d'Ivoire, Bundibugyo et Reston). Il figure parmi les plus contagieux et mortels chez l'homme, selon l'Organisation mondiale de la santé (Oms). Le virus, qui provoque des "fièvres hémorragiques" tire son nom d'une rivière du nord de la République démocratique du Congo où il a été repéré pour la première fois en 1976. Le taux de mortalité est estimé à 90% chez l'homme. Depuis janvier dernier, le virus de l’Ebola a fait au moins 67 morts en Guinée et au Libéria. Deux cas suspects ont été identifiés en Sierra Leone. Les pays frontaliers à la Guinée comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont entamé la surveillance. Avec des fortunes diverses.

Nesmon De Laure

Le difficile combat contre la viande de brousse (ph: K.Firmin)

Le difficile combat contre la viande de brousse (ph: K.Firmin)

Partager cet article
Repost0
26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 20:25

Surveillance contre l’Ebola

Le gouvernement ivoirien mobilise les préfets

Le gouvernement associe les préfets dans la prévention contre la fièvre Ebola en Côte d’Ivoire. Les ministres Hamed Bakayoko de l’Intérieur, Anne Désiré Oulotto de la Famille, Raymonde Goudou Coffie de la Santé ont tenu, hier, une réunion dans les locaux du premier cité au Plateau. En qualité de porte-parole des membres du gouvernement ayant pris part à la rencontre, Goudou Coffie a informé avoir eu « une rencontre avec les préfets de région, de départements et les secrétaires généraux de préfecture. Il y a une frontière commune entre la Côte d’Ivoire et la Guinée et nous savons qu’il y a trois régions qui sont touchées par l’Ebola et sur les 80 cas, il y a eu 59 décès dont un de plus hier (dimanche) dans la capitale. En Côte d’Ivoire, nous sommes en train de prendre des mesures et les premières personnes concernées sont les préfets de région », a-t-elle insisté. Les ministres promettent également renforcer les mesures de sécurité. "Les populations doivent éviter de chasser les gibiers et également la manipulation et la consommation des animaux », a par ailleurs rappelé raymonde Goudou Coffie. Dans l’élan de prévention, l’Aip a signalé hier que le préfet de la région du Kabadougou, Amani Yao Michel, a décidé d'interdire la chasse et la consommation de viande de brousse dans sa localité. "Nous allons faire des communiqués sur les antennes des radios de proximité pour inviter nos compatriotes à s'abstenir de consommer la viande de brousse et la chasse de gibier. Car, la maladie se transmettant par le sang, la consommation des viandes de brousse pourrait infecter le consommateur", a déclaré M. Amani Yao Michel, pour expliquer l'opportunité de cette mesure. Le virus Ebola se manifeste par une poussée de fièvre, des diarrhées, des vomissements, une fatigue prononcée et parfois un saignement. Il n’y a pas de vaccin contre le mal et il n’y a pas non plus de médicaments pour le soigner.

Nesmon De Laure

une victime prise en charge en Guinée, pays voisin de la Côte d'Ivoire (photo Dr)

une victime prise en charge en Guinée, pays voisin de la Côte d'Ivoire (photo Dr)

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 10:44

La cérémonie de passation des charges entre les ministres Cissé Bacongo et Gnamien Konan s’est déroulé, hier, dans une ambiance bon enfant. Toutefois, l’ancien locataire de l’Enseignement supérieur a lancé de petites piques à ses détracteurs.

La passation des charges entre les ministres Cissé Bacongo et Gnamien Konan s’est déroulée en deux étapes, hier. Dans un premier temps, les deux membres du gouvernement se sont retrouvés dans les locaux de la Fonction publique à dix heures. A l’abri des journalistes dans l’ex-bureau de Gnamien Konan, ils ont procédé à la partie technique de la transmission des dossiers. Ils ont ensuite rejoint la salle de conférence pour la cérémonie solennelle dans une ambiance bon enfant.

Cissé Bacongo : « je ne suis pas une sinécure »

A cette étape, Cissé Bacongo, le nouveau locataire n’y est pas allé du dos de la cuillère. « La Fonction publique est un département difficile contrairement à ce qu’on croit. Ceux qui pensent que je devrais m’ennuyer parce que je serais une sinécure se trompent. Je ferai tout pour rester digne et je ferai en sorte que les réformes aboutissent et que celles auxquelles vous avez pensé puissent être mises en œuvre », a-t-il mis au défi les sceptiques. Et pour cause. Au soir de l’annonce du réaménagement technique au gouvernement, une fronde contre l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur s’était emparée des réseaux sociaux. Cissé Bacongo a également promis de travailler dans la continuité. « Je ne suis pas un bulldozer qui vient tout casser. Je vais mettre le pas dans vos pas pour faire en sorte que vous n’ayez pas de regrets d’être parti », a-t-il rassuré son prédécesseur. Bien avant, Gnamien Konan a résumé son action à la tête du ministère de la Fonction publique. Il s’est félicité de la maîtrise des effectifs et de l’informatisation des procédures. L’ancien candidat à la présidentielle a toutefois prévenu que « des services de l’économie et des finances fonctionnent avec des supports papiers qui ne sont pas toujours justifiés », contournant ainsi la fluidité du système informatique. Les deux ministres se sont ensuite rendus au 20ème étage de la Tour C pour un tête-à-tête de plus d’une heure. Quand ils ont rejoint la salle de conférence, Cissé Bacongo est encore revenu à la charge, par une allusion avec un brin d’humour. Présentant ses collaborateurs, il a renseigné des bons rapports qui les lient malgré les divergences. « C’est ma nature, je ne suis pas facile à vivre. Je veux toujours bien faire. (…) On ne peut pas vivre sans nuire. Il a fallu se battre car nous avons hérité d’un département sinistré. » Dressant son bilan, il a présenté des avancées depuis 2005. Le cadre du Rdr a insisté sur les actions en cours dont notamment l’appel d’offres pour le projet un enseignant-un ordinateur. « Nous avons fait ce que nous avons pu. C’est l’histoire qui va juger si cela est à la hauteur de ce qu’on attendait de nous. De façon physique, on sait que les universités existent. Celle de Bouaké a été ressuscitée », a-t-il renchéri. Prenant connaissance avec le département de l’Enseignement supérieur, Gnamien Konan n’a pas caché son enthousiasme. « Lorsque j’étais jeune, j’avais deux rêves. Je voulais devenir médecin ou enseignant. Je ne crois pas que mes rêves soient restés vains », est-il heureux. Gnamien Konan a promis être le porte-parole des acteurs auprès du gouvernement afin de réaliser une école qui ne produit pas de chômeurs. « N’appréhendez rien. Je suis votre homme », a-t-il conclu.

Nesmon De Laure

 Cissé Bacongo et Gnamien Konan à la cérémonie de passation à la tour C (photo FK).

Cissé Bacongo et Gnamien Konan à la cérémonie de passation à la tour C (photo FK).

Partager cet article
Repost0
17 mars 2014 1 17 /03 /mars /2014 14:40

Le pouvoir des annonceurs est-il incontournable? La question me taraude l'esprit. Je me souviens que dans un passé récent, un titre avait évoqué le scandale d'Abengourou impliquant un responsable local d'une maison de téléphonie mobile. La véracité des faits n'a pas été remise en cause. Toutefois l'entreprise concernée a rompu le contrat publicitaire avec le titre en question pour une année. Quand on sait qu'une entreprise de presse dépend de la pub, on devine la perte enregistrée. Cela se passe à Abidjan. Et pourtant, sous d'autres cieux, on peut s'attaquer aux puissants annonceurs. Hier, alors que je suivais le club de la presse sur Canal 2, la télévision privée camerounaise, je suis agréablement surprise lors de la revue de presse. Nos confrères camerounais à l'unisson, ont barré à la Une: Comment Mtn et Orange dupent les citoyens, pour paraphraser tous les titres présentés par Canal 2. Sur le plateau, les journalistes s'efforçaient à tendre vers l'objectivité. Il ne se dégageait pas a priori leur appartenance à un clan politique. Le débat n' était pas moins intéressant. Je me souviens alors de la vive discussion que j'ai eue avec Annie Payep sur twitter alors qu'elle était encore à Vox Africa. Elle avait finalement un peu raison....chez nous quand nous ne sommes pas sous l'emprise des politiques, les annonceurs nous tiennent. Bonjour lundi.

L'édito du lundi par Nesmon De Laure

Les annonceurs et la liberté de la presse
Partager cet article
Repost0
16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 19:04

Rentrée mercredi pour participer au gala de Children of Africa, Aïcha Koné, la diva de la musique ivoirienne en exil en Guinée depuis la crise post électorale, a donné les raisons de ce retour au pays et réitère son engagement pour l’ancien régime. Si au départ elle refusait toute interview, nous avons réussi à lui arracher quelques mots.

Quelle est la raison de votre présence aujourd’hui à Abidjan ?

Je suis là pour ‘’Children of Africa’’, donc après je retourne. Je reviendrai certainement. Mais ce n'est pas encore à l'ordre du jour. Tout compte fait, je suis déjà présente donc il n’y a pas à polémiquer sur le sujet. Je ne fais pas d'interview.

Mais peut-on savoir votre actualité en Guinée ?

Je continue la musique que j’aime bien et je voyage aussi . Après la Côte d’Ivoire, je pars pour la Guinée, ensuite au Sénégal et au Cap-Vert pour des spectacles.

Quelles sont vos impressions depuis votre arrivée ?

Les retrouvailles avec la Côte d’Ivoire et la famille ont été fantastiques. Il y avait beaucoup d’émotions, il y a même des fans qui ont effectué le déplacement. Je remercie la Première dame qui m’a encouragée à surpasser certains faits et à prôner la réconciliation. C’est elle qui m’a invitée à revenir au pays et je pense apporter quelque chose à ‘’Children of Africa’’.

Aviez-vous des appréhensions avant votre retour ?

Je n’avais pas peur de revenir parce que je crois en Dieu et je dis merci à Dominique Ouattara. Quel que soit ce que d’autres pourraient dire, c’est mon pays et celle qui m’a fait revenir au pays c’est la Première dame. Alors je dis merci à Dieu, merci à Dominique Ouattara et à mes fans. Je les aime, je pense toujours à eux. Il est vrai que je suis en Guinée et que je voyage beaucoup, mais on ne peut pas oublier les personnes qui vous ont témoigné leur affection et leur sincérité.

Quels sont vos rapports avec les pro-Gbagbo ?

Je garde mon affection pour l’ancien régime. Je suis présente en ce moment pour faire parler mon cœur. Il s’agit d’enfants, et moi-même étant mère, c’est l’affection, l’amour qui prime. Actuellement, nous parlons de réconciliation, mais cela n’a rien à voir avec mes rapports avec l’ancien régime. Laurent Gbagbo est un homme que j’ai admiré et que je continue d’admirer. Mais cela ne m’a pas empêchée de venir à l’invitation de madame Dominique Ouattara que je connais bien. Avant même qu’elle ne soit Première dame, je la fréquentais et elle m’a toujours témoigné une affection, une admiration pour le métier que je fais. Maintenant que mon calendrier m’a permis d’être présente, je suis là. C’est comme cela que nous devons voir les choses, respecter notre différence et voir comment procéder pour faire avancer le pays.

Comment se porte votre fils Tchaga ?

Mon fils se porte très bien. Il vit actuellement à Londres, en Angleterre, mais il est venu avec moi pour me soutenir.

propos recueillis par Nesmon De Laure

photo: dr

photo: dr

Partager cet article
Repost0
9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 15:14

Envies saugrenues, éloignement du partenaire, … La femme enceinte est diversement supportée dans la société. Si elle est présentée comme une personne vulnérable qui mérite toutes les attentions, dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas. « Elle ne m’attire plus. Je n’arrive plus à faire l’amour à mon épouse depuis que son ventre s’est arrondi. Elle attend un bébé depuis cinq mois », explique Patrice Degnan, fonctionnaire à Adjamé-220 logements. Comme solution, il a opté de conduire sa dulcinée chez sa mère, le temps pour lui de « vivre » en attendant la naissance du nouvel être. Le compagnon d’Henriette Boka est logé dans la même catégorie que M. Degnan. « Nous vivons ensemble depuis dix ans et j’attends mon troisième enfant. Mais c’est toujours la même chanson. À chaque grossesse, il me demande d’aller me faire soigner en famille. Cette fois-ci, je refuse de partir », se résout la bonne dame qui habite aux Deux-Plateaux.

Attention à la santé du bébé

Elle craint que son chéri flirte avec les filles aguicheuses des environs. « Alors qu’il me délaisse, il court après les jeunes filles du quartier », justifie-t-elle sa décision. Les épreuves vécues par ces femmes varient selon les situations. « Mes collègues sont frustrés parce que la charge de travail augmente pour eux lorsque je m’absente pour mes rendez-vous médicaux. C’est difficile à supporter mais je n’y peux rien », se désole Marie Ange Koffi, institutrice enceinte de sept mois à Koumassi. Et lorsqu’il s’agit d’une dame qui vit dans un environnement de polygamie, c’est presque la catastrophe. « J’ai souffert de traitement inhumain lorsque j’attendais ma deuxième fille. Ma rivale ne cessait de me tancer parce que je paressais beaucoup. Elle estimait que j’étais nulle », se remémore Aïcha Sanogo à Abobo Quatre-étages. Maïmouna Kangouté, secrétaire générale du Syndicat des sages-femmes de Côte d’Ivoire (Sysafci) avec qui nous avons échangé sur le sujet à Cocody, récemment, reconnaît ces difficultés. Elle explique qu’il arrive des fois où les femmes en consultation se confient. « Elles vivent beaucoup de difficultés. Elles sont non seulement victimes de vomissements et d’endormissements dus à ce nouvel être qui vient s’implanter. Mais en plus, les proches ne leur facilitent pas la tâche souvent », témoigne la praticienne. Selon elle, l’entourage lie les faits et gestes de la femme enceinte aux caprices. Ce qui a des conséquences néfastes. « Certaines femmes sont alors malheureuses. Elles vivent assez mal ces grossesses parce que personne autour ne peut réagir. Quand elle a des problèmes, cela se répercute sur l’enfant. Quand elle est anxieuse, l’enfant l’est également», révèle Maïmouna Kangouté. Notre personne ressource dénonce, entre autres, le fait que des hommes refusent d’approcher la femme enceinte ou même de lui faire l’amour. « La femme dans cette période là, du fait de toutes ces transformations a besoin d’être écoutée. Elle a besoin de l’affection de son mari. Quand elle vit des souffrances, quand elle a des manifestations désagréables, elle a besoin de son partenaire pour la rassurer », conseille Mme Kangouté. Toutefois, la spécialiste se félicite de l’indulgence chez certaines personnes. « Des époux l’ont bien compris. Ils n’hésitent pas à accompagner leur femme en consultation prénatale. Mais c’est vraiment rare», précise-t-elle. Dans certaines traditions africaines, lorsque la femme enceinte a certaines envies, on estime que si on ne lui accorde pas ces envies, cela peut avoir un impact. La légende veut que, par exemple, lorsque des enfants naissent avec des taches de grossesse, c’est parce que la mère n’aurait pas satisfait ses envies. Pour Maimouna Kangouté, cette analyse culturelle a son fondement. « Ce qu’on considère comme des caprices peuvent aider la femme à mieux supporter sa grossesse. Imaginez quelqu’un qui a des nausées, qui n’arrive pas à consommer ce dont elle a envie. Il faut qu’elle puisse manger ce dont elle a envie à l’instant. La grossesse ne dure que neuf mois. »

Nesmon De Laure

photo: dr

photo: dr

Partager cet article
Repost0